Test Metal Gear Rising Revengeance

Test Metal Gear Solid Portable Ops

Metal Gear Solid : Portable Ops — Grand Bal Tragique à San Hieronymo

“You can't beat me, Snake. I'm the future !”

Prologue

Il y a des sagas qui vous prennent les tripes, les tordent, les sucent comme un poulpe mélancolique sur une plage de fin d’été, et vous recrachent en larmes et en standing ovation. Metal Gear Solid, c’est cela. Et Portable Ops, sorti sur une PSP agonisante comme une vieille star du muet jouant Hamlet dans un fast-food, tente vaillamment de porter l’héritage de Big Boss dans un écrin de plastique chaud et de crampes digitales. C’est moche, c’est douloureux, c’est parfois touchant — comme une main moite sur l’épaule au mauvais moment.


I. Kojima en Touriste, la PSP comme Cercueil de Guerre

Hideo Kojima, grand prêtre cyber-shakespearien de l’infiltration postmoderne, n’a ici que vaguement griffonné un bénédicité sur le projet, occupé qu’il était à faire fondre son cerveau dans les cutscenes de MGS4. Il laisse ainsi la Team B de Konami bricoler un opus portable, comme un père absent offrant à son fils une boîte de Lego piégée.

La PSP, divine erreur de Sony, est une console aussi sexy qu’un dictaphone sous ecstasy, et aussi maniable qu’un poulpe en chaussettes. L’ergonomie y est pensée pour des êtres supérieurs, ou des cafards intelligents. Infiltrer avec ça, c’est un peu comme faire du base jump dans un sac-poubelle : ça se tente, mais faut pas s’étonner de l’impact.


II. Big Boss, Ocelot et le Soap Opera de la Jungle Putride

Nous incarnons Big Boss, alias Snake, alias le daron charismatique du nihilisme militaire. Il parle peu, tue beaucoup, et peut te briser les cervicales avec une semelle usée. L’histoire, située entre MGS3 et Peace Walker, a le charme moite d’un polar tropical. On y affronte une unité rebelle, un clone blondinet à complexe napoléonien (coucou Gene), et un éventail de freaks dignes d’un casting de cirque soviétique.

Ocelot, notre serpentin favori, y minaude avec un charme de vieille drag-queen aristocrate. Le mec trahit tout ce qui bouge et on l’aime pour ça. On croise aussi Null, sorte de Sasuke Uchiha sous stéroïdes, et les sœurs télé-kinésiques, deux créatures sorties tout droit d’un rêve érotico-paranoïaque de David Lynch. Même Python, adversaire glacial, semble perdu dans un roman de gare écrit à la coke.

Le scénario, malgré ses accents de soap pour nihilistes, reste une pièce maîtresse du grand puzzle MGS. C’est le seul pilier solide dans ce cabanon brinquebalant.

Capture d'écran MGS Portable Ops Python transporte un soldat



III. Gameplay : L’Enfer Est un Stick Analogique

Le gameplay est un ballet grotesque entre ambition et handicaps techniques. La caméra est une entité malfaisante, possiblement consciente, qui semble vouloir te saboter la vie à chaque tournant. Quant au système de visée, c’est un hommage non déclaré à l’école du tir au pigeon aveugle.

L’infiltration sur PSP, c’est comme essayer de masturber un fantôme dans une cabine téléphonique : c’est confus, frustrant, et personne n’en sort grandi. Heureusement, l’embryon de ce qui deviendra le système de recrutement de Peace Walker et Phantom Pain pointe le bout de son nez ici. On capture des soldats, on les joue, on leur attribue des rôles comme dans une startup dirigée par un sociopathe militaire. L’idée est belle, l’exécution rappelle les PowerPoints d’un stagiaire malhabile.


IV. Comics, Kalachnikovs et Huile de Palme

Visuellement, Portable Ops fait de son mieux avec les moyens d’un théâtre de marionnettes borgnes. Les cinématiques, des planches animées stylisées par le pinceau de Shinkawa, suintent la classe manga, mais peinent à remplacer les envolées cinématographiques des épisodes de salon. Les décors, tout droit sortis d’un catalogue Lidl de la guérilla post-coloniale, manquent d’âme, de tripes, de sueur.

La musique, discrète mais soignée, fait l’effet d’un saxophoniste mélancolique jouant du jazz dans les chiottes d’un bar de clandestins. Quant à l’ambiance générale, elle flotte entre le réalisme militaro-poisseux et le délire comic-book, comme si John Le Carré coécrivait un épisode de Naruto.


V. Boss Fades, Sœurs Bizarres et Pseudo-Sado

Les combats de boss oscillent entre l’oubliable et le délicieusement débile. Gene, le grand méchant, a le charisme d’un Power Ranger fasciste. Null, malgré son passé tragique et ses réflexes de ninja dopé, n’arrive pas à émouvoir plus qu’un savon humide. Seules les jumelles télé-kinésiques, incarnation d’un délire japonais inavouable, apportent un peu de sel dans cette soupe tiède.

Mais bon sang, qu’est-ce que ça rame. C’est lent, c’est raide, c’est souvent punitif sans raison. Comme une soirée en boîte avec des claquettes.


VI. Portable, mais Pas Transportant

La durée de vie, honnête (6-8 heures), est adaptée à la forme nomade du titre. Il ne faut pas y voir une insulte, mais plutôt une libération. Moins on passe de temps à hurler sur la caméra, mieux on se porte. Les missions annexes, souvent répétitives, n’ont d’intérêt que pour les complétistes atteints de collectionnite aiguë. Un syndrome connu dans les tranchées de fans de MGS.

Le tout reste malgré tout un passage obligé pour ceux qui veulent vraiment TOUT savoir sur la création des Patriots, les origines de Big Boss, et pourquoi Ocelot est une couleuvre russe dans un manteau d’aristocrate SM.


VII. Conclusion : Un Petit MGS Pour les Grands Malades

Portable Ops est un chaînon manquant. Bancal, fascinant, irritant, essentiel. Un ovni dans une saga divine, un épisode que même Kojima veut oublier, mais que les fans doivent embrasser comme un oncle gênant aux réunions de famille : avec respect, malaise, et une dose de tendresse.

C’est un jeu où l’on souffre. C’est un jeu où l’on apprend. C’est un jeu qui, dans sa médiocrité brillante, pose les fondations d’œuvres plus grandes. Et pour ça, il mérite sa place dans la grande messe militaire de Kojima.

Verdict : 6.5/10

Un MGS bourré qui pue la sueur, mais qui a le cœur pur. Big Boss y construit sa légende, pendant que tes pouces crient à l’aide. Mieux vaut souffrir pour la vérité que vivre dans l’ignorance, dit-on. Alors souffre.

“Finally, we can leave all that crap in San Hieronymo behind…”

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