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The Nomad Soul — Le syndrome de la première fois : touchez pas à de Gruttola, il débute
« Je m'appelle Kay'l, je viens d'un univers parallèle au tien. Mon monde a absolument besoin de ton aide. »
I. Prologue : et le Verbe se fit polygone
C’est un matin normal, tu télécharges des cracks sur Napster,
tu te branles sur Lara Croft en .bmp, et soudain… Kay’l.
Il
déboule comme un témoin de Jéhovah à ta porte : "Viens.
Entre. Sauve mon monde."
Et toi, bon couillon, tu acceptes.
Tu franchis l’écran. Littéralement. Le pacte faustien du joueur
se mue en fusion charnelle : tu deviens le personnage.
Pas en esprit. En code. En tripes binaires. En transsubstantiation
Windowsienne.
Omikron t’avale.
Ville gothico-numérique aux trottoirs
glissants et aux colons démoniaques. Une mégapole qui sent la
cyber-sueur et les implants soviétiques. Et au fond d’un club
louche, David Bowie te regarde jouer. Oui, jouer. Il
est là, modèle 3D flippé, rocker spectral en jogging d’oracle.
Il chante. Il plane. Il trône.
Tu te dis : Putain c’est du génie.
Et tu n’as pas tort. Mais tu n’as pas raison non plus.
II. Kay’l et les mille clochards dimensionnels : voyage au bout de la flemme
Tu meurs ? Tu changes de corps.
Une bonne idée, en théorie.
En pratique : tu abandonnes Kay’l, ton premier amour, pour te
réincarner en fonctionnaire chauve ou en catcheuse
quadrilingue.
Chaque personnage est un power-up humain
: statistiques, costumes, compétences de merde.
Le jeu se prend pour un esprit libre. Il se rêve polymorphe,
protéiforme, Kafkaïen.
Mais tu passes surtout ton temps à
visiter des HLM numériques où les PNJ te répètent les mêmes deux
lignes de dialogue comme des golems à ton boulot.
Oui, tu résous des enquêtes. Oui, tu accèdes à des bases de données. Oui, tu crois toucher la Vérité.
Mais tu touches surtout l’Ennui, en slow-motion.
III. Gruttola's Inferno : quand la jouabilité devient sodomie expérimentale
Et là, le Diable entre.
Pas un démon. Pas un boss. Non. Le Vrai Diable.
Le moteur de
jeu.
D’abord, tu combats. En 2D. Des ninjas issus d’une promo Lidl de Virtua Fighter. Des coups mous. Des choppes molles. Des cris de dauphin malade.
Puis vient la plateforme. Ah. La plateforme.
Imagine un frigo
soviétique lancé dans un parcours Ninja Warrior. Tu sautes ? Tu
tombes. Tu tombes ? Tu recommences. Tu recommences ? Tu cries. La
gravité est un avis d’expulsion. La caméra est possédée par
Satan, ou pire : par un stagiaire.
Et pour finir : le FPS.
FPS sur rails ? Non.
FPS
stratégique ? Non.
FPS honteux.
Le boss
final ? FPS.
Le gameplay ? FPS.
Toi ? FDP.
Un viseur invisible, un champ de vision de poisson mort, et
l’agilité d’un patient tétraplégique sous anxiolytiques.
Tu
prie pour un glitch, tu le trouves. Sinon ? YouTube.
IV. Dieu est un chanteur androgyne
Et pourtant. Bowie.
Pas un skin. Pas une voix. Une présence.
Il
incarne deux personnages, livre une BO complète, hante les scènes
comme un fantôme érotique en trench-coat de cuir synthétique.
Il transcende le jeu. Il EST le jeu.
Son concert dans Omikron
est une messe noire pour gothiques libertins et robots
néo-marxistes.
Un moment d’épiphanie, un orgasme auditif
dans un monde de bugs et de saccades.
Mais Bowie ne suffit pas. Il est l’extase dans le coma.
Il
est la truffe dans la merde.
V. Sexe, mensonges et David Cage
David de Gruttola alias Monsieur QTE, ici vierge
de scripts et de rails.
Un homme libre. Trop libre.
Comme
un ado qui découvre le caméscope de papa et filme à poil ses
Barbies sous des filtres mauves.
Ici, pas de QTE. Pas de cinématiques contextuelles. Juste de la souffrance brute. De la désorientation. De l’abandon ludique.
Mais il y a une scène de sexe.
Évidemment.
Car déjà, Cage bande pour la mise en scène de l’intime. Pour les
reins polygonaux, les cris feutrés, la sueur low-res.
Ce ne
sera que le début. On est à un QTE près d’un Brazzers.
VI. Le twist du pauvre : cay les démons les maychants
Le scénario ?
Oh, l’ouverture est prometteuse.
Un
univers parallèle. Une société totalitaire. Des meurtres. Une
enquête.
Puis, twist. Et là, attention les yeux.
C’était
les démons.
Oui. Les vrais. Les maychants.
Ils
veulent ton âme. Et celle de tous les citoyens d’Omikron.
Pas
pour des impôts ou du porno, non. Pour l’Éternité. En caps lock.
Tu croyais jouer à Ghost in the Shell ?
Tu joues à
Scooby-Doo contre les Légions de l’Enfer.
Et les défenseurs du jeu, les haters des QTE, les puristes à
pipes molles, de hurler :
"Mais c’était mieux que Heavy
Rain ! Y’avait du gameplay !"
Oui, mon gars. Mais du
gameplay comme du papier de verre sur les couilles.
VII. Épitaphe : de Gruttola l’Innocent
The Nomad Soul, c’est un orgasme
interrompu.
Une utopie cabossée.
Un prototype divin dans
un moteur satanique.
Cage a tout essayé. Plateforme, FPS, baston, enquête, monde
ouvert, transhumanisme, spiritisme, sexe, rock, Bowie, métaphysique,
et réseau téléphonique.
Il n’a rien réussi. Mais il a tout
tenté.
Respect.
Le jeu a le panache du condamné qui déclame du Racine avant l’échafaud.
Un titre culte ? Peut-être.
Un bon jeu ? Non.
Mais un jeu important, pour comprendre ce qu’il ne faut plus jamais faire.
Verdict : 6.5/10
Un projet fou, bugué,
injouable, sublime, prétentieux, novateur, chiant.
À montrer
dans les musées. Mais pas à faire jouer à ta copine.
« Oh my, naked
eyes
I should have kept you
I should have tried
I
should have been a wiser kind of guy
I miss you »
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