Test Metal Gear Rising Revengeance

Test Shadow of the Colossus

Shadow of the Colossus – Ode aux Titans et Éjaculation Sentimentale

« Soulève ton épée à la lumière... et dirige-toi vers l'endroit où la lumière de l'épée converge... Là, tu trouveras les colosses que tu dois vaincre. »


Prologue

Ah, Shadow of the Colossus. Ce n’est pas un jeu. C’est un rituel païen. Un psaume vidéoludique chanté par une gorge écorchée. Une épopée muette où chaque galop est un soupir, chaque colosse un poème gravé dans le granit et l’oubli. En 2005, pendant que d’autres s’extasiaient devant des FPS dégoulinants de testostérone pixelisée, Fumito Ueda nous pondait une messe funéraire pour les géants. Un monde où la seule forme de dialogue est un cri de cheval. Où la seule carte est ton instinct. Et où ton seul allié est un cheval plus têtu qu’un syndicaliste CGT.

On y entre comme on entre dans une cathédrale en ruine : à pas feutrés, le cœur gonflé de culpabilité et d’espoir. Et on en ressort vidé, lessivé, brisé par la beauté. Bienvenue dans Shadow of the Colossus, l’unique jeu où “je grimpe un fémur poilu” est synonyme de grâce absolue.


I. Agro Ergo Sum : Je Galope Donc Je Suis

Parlons d’abord d’Agro, ce cheval noir comme une nuit sans lune, plus fidèle qu’un labrador accro au Royal Canin. Il est ton véhicule, ton frère, ton psy silencieux. Il refuse parfois d’obéir, parce que la liberté, c’est pas qu’un slogan : c’est une philosophie équine. Quand tu tombes, il revient. Quand tu pleures, il hennit. Quand tu sautes dans le vide, il crie ton nom comme un héros grec hurlant “Achille !” dans une épopée traduite du grec ancien par un stagiaire.

Et cette animation. Cette fourrure au vent. Ces sabots qui claquent sur la pierre comme des vers d’Apollinaire. Tu n’as pas de compagne, pas de village, pas de chien. Tu n’as qu’Agro. Et crois-moi, c’est déjà trop d’amour pour un seul joueur.


II. Minimalisme Maximal : Moins de Jeu, Plus d’Âme

Ici, pas de villages pleins de PNJ baveux, pas de coffres planqués dans des grottes ridicules, pas de quêtes où tu dois rapporter du lait à la tante Gertrude. Shadow of the Colossus te balance nu (au figuré) dans un monde vaste et vide, et ce vide te regarde. Pas avec des yeux, mais avec des falaises, des dunes, des ruines rongées par le temps et les regrets.

C’est le premier jeu à comprendre que l’absence est une forme de narration. Que l’ombre, c’est aussi une lumière inversée. Que l’on peut raconter plus avec un galop dans le silence qu’avec 200 lignes de dialogue écrites par un scénariste en manque de coke. C’est un monde qui ne parle pas, mais qui hurle dans ta tête.


III. Colosses : Cathédrales Vivantes et Mortelles

Les colosses sont la vraie chair de ce jeu. Des statues cyclopéennes, animées par l’oubli, la pierre, et un sens du tragique digne d’Eschyle. Ils sont seize. Ils sont magnifiques. Et tu dois tous les buter.

Et ça fait mal. Pas parce qu’ils sont difficiles (même si certains t’arrachent les dents façon puzzle), mais parce qu’ils ne t’ont rien fait. Rien. Ce ne sont pas des boss. Ce sont des dieux oubliés, des temples en marche. Les tuer, c’est comme pisser sur Notre-Dame en feu : tu peux, mais t’as pas intérêt à le faire sans une larme au coin de l’œil.

Tu t’agrippes à leur fourrure comme un pou sur le pubis d’un cyclope, tu escalades leurs flancs rugueux pendant qu’ils hurlent au ciel, et quand tu plantes ton épée dans leur point faible, le jeu t’impose un silence. Pas de victoire. Pas de fanfare. Juste une brume noire et ta honte.

Capture d'écran Shadow of the Colossus combat de Wander contre un colosse



IV. Dormin : Quand Dieu Fume Trop de Marlboro Noires

Et dans l’ombre de tout cela, il y a Dormin. Cette voix bicéphale qui semble sortie d’un karaoké satanique organisé par un duo entre Dalida et Cthulhu. Dormin te promet monts et merveilles : “Tue les colosses et je ressuscite ta dulcinée.” Le vieux coup du marché faustien.

Mais tu sens le piège. Tu sais que ce n’est pas si simple. Que chaque colosse abattu est un clou dans ton cercueil d’innocence. Dormin n’est ni bon ni mauvais : il est la logique d’un monde où l’amour justifie tous les massacres. Il est la voix dans ta tête qui dit “vas-y, t’as déjà commencé, autant finir le boulot, mon petit.”


V. ICO, le Jumeau Spectral

Certains disent que Shadow of the Colossus est une préquelle à ICO. Qu’ils partagent plus qu’une direction artistique ou un goût prononcé pour les escaliers en ruine. On y croit, on s’en fout, on pleure quand même. Les deux jeux sont les deux faces d’un même yen japonais : solitude et sacrifice. Mains tendues et dos tournés. Silence et hurlements.

C’est la mythologie moderne. C’est les Frères Karamazov, mais avec des lézards argentés.


VI. La Fin : Quand Ton Cœur Fait F2 + Suppr

Je ne vais pas spoiler. Je ne suis pas un monstre. Mais la fin de Shadow of the Colossus, c’est du Shakespeare en pixels. C’est Roméo + Juliette remixé par Tarkovski. C’est la fin d’un rêve dans un cimetière cosmique. Tu poses la manette et tu restes là. Figé. Le regard vide, les yeux humides, le cœur en PLS.

C’est un jeu qui ose te faire du mal. Et t’en redemande.


VII. Pourquoi c’est mon jeu préféré ?

Parce que Shadow of the Colossus, c’est le seul jeu qui m’a fait pleurer en tuant un monstre. Le seul où la solitude pèse plus lourd qu’une armure de MMO. Le seul où le vide est plus plein que n’importe quelle quête secondaire. Le seul où l’amour est une maladie incurable. Parce qu’il ne s’explique pas. Il se ressent. Il se rêve.

C’est un poème. Une tragédie grecque. Une légende nippone. Un orgasme triste.


Verdict : 10/10

Un orgasme vidéoludique. Une gifle esthétique. Une descente aux enfers montée à cheval.

Alors, selle ton destrier, brandis ta lame, écoute la voix dans ta tête… et va tuer des cathédrales.
Mais souviens-toi, pécheur : le prix du miracle est souvent payé en larmes.

« Si tu es encore en vie, si cela est même possible dans ces terres scellées, peut-être qu'un jour tu expieras ce que tu as fait. »

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