Metal Gear Rising : Revengeance – L’Après-Kojima : quand la moelle épinière fait office de scénario
« Just doing our job, Mr. Prime Minister. »
I. Naissance d’un mythe sous Prozac
Il était une fois Raiden, ninja métallique aux cheveux de L’Oréal et aux états d’âme de théâtre lycéen. Jadis conspué dans MGS2 pour avoir remplacé Snake comme une galette de riz remplace une côte de bœuf, le revoilà, plus mutilé que jamais, sous les néons d’un monde post-Patriots où la guerre est devenue une app de livraison. Le chaos se privatise, les PMC pullulent, et la démocratie a été vendue à des start-up sponsorisées par Monsanto. Le tout avec une bande-son qui gueule “RULES OF NATURE” comme si Iron Maiden avait découvert le MMA.
Raiden travaille désormais pour Maverick Security, un Uber Eats de la guerre qui livre des frappes chirurgicales au pas de course. Il tente vaguement de protéger un Premier Ministre africain avant de se faire couper en deux par une bande de boss sortis tout droit du cerveau d’un étudiant Erasmus en overdose de Nietzsche, de Red Bull, et de hentai mécano.
II. Le carnaval des boss : Pokémon PTSD édition
Chaque boss ici est une erreur de casting élevée au rang de concept.
Mistral, dominatrice en échasses articulées, sponsorisée par une usine de sex-toys.
Monsoon, philosophe élastique qui parle comme une page Wiki imprimée sur de la MDMA.
Sundowner, obèse texan avec des boucliers solaires et le QI d’une visseuse.
Sam, clone discount de Vamp qui a confondu charisme et huile à traire les chevaux.
Armstrong, sénateur culturiste, fusion de Hulk Hogan et d’un thread Reddit libertarien, qui finit torse nu à crier “Nanomachines, son!” comme un prof de CrossFit dopé.
Seul rescapé de ce zoo cybernétique : Bladewolf, chien robot philosophe, épéiste silencieux et meilleur personnage du jeu, ce qui en dit long sur l'état du script. C’est dire si Raiden, pour briller, a besoin de s’entourer de pantins. C’est comme essayer de rendre Louis Boyard crédible en le mettant à côté de Matthieu Kassovitz.
III. Un gameplay aussi précis qu’un orgasme pendant un tremblement de terre
Le système de combat repose sur une idée brillante : découper tout ce qui bouge. Et tout ce qui ne bouge pas. Toi. Ton âme. Le décor. Les enfants au loin. On appuie, on tranche. La caméra part en freestyle, la parade demande une pression millimétrique du joystick pendant que tu calcules les cycles lunaires et que tu te fais violer par trois drones.
Le mode "Zandatsu", qui permet de voler les colonnes vertébrales ennemies pour recharger la tienne, transforme le jeu en club échangiste pour prothèses vertébrales. Chaque combat est une orgie de pixels et de membres volants, ponctuée d’un scoring humiliant. “B ? Tu peux mieux faire.” Oui mais j’étais en train de pleurer, madame !
Il y a des moments d’infiltration, oui, comme des godes dans une messe : incongrus, gênants, et vaguement sacrés. Elles rappellent MGS, elles fonctionnent parfois, et surtout elles laissent ton doigt respirer, ce qui est rare dans ce ballet épileptique.
IV. Le monde, vaste terrain vague cyberpunk
On voyage beaucoup, mais on oublie encore plus vite. Afrique sans âme, ruelles de Denver lavées à la javel, bases américaines interchangeables, couloirs, hangars, génériques à souhait. Le design donne l’impression que les artistes ont été rémunérés en grains de riz et menacés avec des fourchettes tièdes.
On ne reconnaît rien, on ne retient rien, sauf peut-être ce niveau final dans les cendres du rêve américain, où un sénateur bodybuildé se transforme en musculature fasciste. C’est beau comme si Trump avait fusionné avec Kratos dans une salle de sport de l’Iowa.
V. Codec, Doktor et la Sainte Sunny
Raiden est entouré de personnages. Certains parlent. D’autres existent. Le plus marquant reste Doktor, savant fou teuton qui collectionne les bras comme d'autres les slips sales. Son accent suinte la série B et son humour l’anesthésie générale. Il est là pour t’expliquer comment arracher une moelle épinière en respectant les consignes de tri sélectif.
Et surtout : Sunny. Notre Sunny. Enfant autiste géniale dans MGS4, devenue ingénieure badass. Elle est la seule lumière dans cette orgie de chrome. En l’appelant sur le codec, elle évoque Otacon, Snake, le passé, la douleur, la soupe aux œufs. On est à deux doigts de poser la manette et de l’embrasser à travers l’écran. Si elle n’était pas un hologramme et si nous n’étions pas des hommes désespérés.
VI. Une chimère bâtarde mais pas inutile
Ce jeu est un mariage forcé entre deux philosophies. Kojima voulait te parler de la guerre. Platinum voulait te faire casser des robots en slow motion. Le résultat est un enfant bâtard, criblé de spasmes et de crises d’identité, qui beugle dans ta chambre à 3h du matin tout en coupant ton rideau en lambeaux.
Il veut satisfaire tout le monde : les fans de MGS avec du codec, de l’infiltration, de la suite narrative ; les fans de Bayonetta avec des combos, du speedrun, et de la techno industrielle qui beugle “RULES OF NATURE” dans tes oreilles. Résultat : il ne satisfait vraiment personne.
Mais Rising tente quelque chose. Il raconte un après. Il ose prolonger l’univers là où Kojima a préféré repartir dans les jupes de Big Boss pour refaire la guerre froide avec des bonbons PEZ. Il donne un sens, une suite, un destin à Raiden, et c’est déjà ça.
Et puis il y a le codec. Et Sunny. Et Wolfblade. Et ça, ça vaut bien 6,5.
Verdict : 6.5/10
Un orgasme cyberpunk
raté, mais sincère.
Une œuvre bâtarde qui tente, chute, se
relève, trébuche, te coupe une jambe, puis te fait un bisou sur le
front.
« The Patriots are
gone. »
Mais les regrets, eux, restent.

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