Test Judgment

Test Yakuza 5

Yakuza 5 – La Rhapsodie des Cinq Dragons ou Comment J’ai Appris à Aimer les Chorégraphies et le Crime Organisé

"That chicken’s got more charisma than half the yakuza in this town ! You sure you’re her manager ?"

Prologue

Il est des jeux qui t’invitent à t’asseoir confortablement et à siroter leur récit comme un vieux whisky tourbé. Yakuza 5 ne fait pas ça. Non, Yakuza 5 te coince dans une ruelle, t’enfonce une batte de baseball dans les côtes, puis t’entraîne dans une battle de danse contre une ado en quête de gloire télévisuelle pendant qu’un tigre sibérien pisse sur ta bagnole. C’est un roman-fleuve de la baston urbaine, un choral de poings et de paillettes, un opéra tragico-disco sur cinq actes, où chaque héros traîne sa bite, son honneur, et ses traumatismes dans les ruelles souillées de l’archipel nippon.

Tu pensais que quatre protagonistes, c’était beaucoup ? Sega t’en sert cinq. Et pas n’importe comment : chacun avec sa ville, ses névroses, et son mini-jeu qui sent bon le spin-off délirant. On ne joue plus à Yakuza 5 ; on y vit, on y saigne, on y danse, on y perd ses boulons comme on perd ses dents dans un combat contre un chef de gang tatoué de la nuque au scrotum.


I. Chœur à Cinq Voix : L’Orchestre des Détraqués

Kiryu est de retour, bien sûr, toujours aussi droit qu’un sabre de samouraï coincé dans un soutien-gorge d’écolière. Il conduit des taxis à Fukuoka, probablement parce qu’il a vu Tokyo Godfathers et qu’il s’est dit que l’anonymat avait un goût de diesel. Mais ne vous y trompez pas : ce n’est pas un taxi qui freine, c’est un dragon qui temporise.

Saejima ? Toujours aussi subtil qu’un glaviot sur un pare-brise. Il passe par la case prison – encore – avant de se taper un trek en pleine toundra comme un Moïse des neiges, armé de son seul sourcil gauche pour affronter la faune et les Yakuzas.

Akiyama, lui, continue de prêter de l’argent à des femmes désespérées tout en leur faisant faire du pole dance sur la philosophie de Nietzsche. Ce type est un mélange entre Tony Stark et un conseiller France Travail.

Et Haruka... Ah, Haruka. Béatifiée par les fans, poupée de porcelaine devenue idole pop. Elle danse, elle pleure, elle subit les affres de l’industrie musicale japonaise comme Britney Spears dans un clip de Perfume. Son gameplay ? Des QTE qui transforment le joueur en DJ schizophrène. Et pourtant, on l’aime. Parce que c’est Haruka. Parce qu’elle reste debout quand tout s’effondre, même sans foutre de mandale.

Enfin, Shinada. Le nouveau. Le loser magnifique. L’ex-joueur de baseball qui vit dans une porcherie et qui se bat sans sa batte comme si c’était le dernier souvenir d’une vie qu’il n’a jamais vraiment eue. C’est un peu le Jean-Claude Dusse du Yakuza-verse : t’as envie de le baffer, mais tu finis par lui payer une bière. Même s’il sent la crevette fermentée.

Capture d'écran Yakuza 5 Haruka danse



II. Un Scénario Plus Tordu Qu’un Hentai Sous Acide

Ne vous attendez pas à une structure narrative linéaire. Yakuza 5 t’emmène dans cinq villes, cinq ambiances, cinq descentes aux enfers. De Fukuoka à Sapporo, on alterne entre bastons épiques, danses ridicules, enquêtes nébuleuses et instants de grâce où un vieux yakuza regarde tomber la neige en se demandant s’il doit tuer son meilleur ami ou lui offrir un bol de ramen.

Les twists ? C’est Usual Suspects avec des katanas. Le méchant ? Une enflure de première, charismatique comme un politicien véreux déguisé en moine zen. Majima ? Il surgit comme un prout dans une salle d’opéra : imprévisible, gênant, et toujours inoubliable.

Mais la vraie star, encore une fois, c’est Kamurocho. Même quand tu joues ailleurs, tu sais que t’y reviendras. Comme une ex toxique ou une gastro mal soignée. Ce quartier, c’est le Gotham du Japon : il ne change pas, mais il te change.


III. Gameplay : De la Baston, du Ballet et de la Batte

Tu cognes, tu danses, tu swingues. Tu pourchasses des punks à Sapporo, tu fais du drift en taxi comme dans Initial D, tu prépares des ramen avec plus d’intensité dramatique qu’un accouchement dans Grey’s Anatomy. Chaque personnage a son gameplay, sa gimmick, son univers à lui.

Kiryu, le classique. Saejima, le bulldozer. Akiyama, le félin. Shinada, le loser technique. Haruka, le Just Dance version Seppuku. Même les mini-jeux ont un sens ici. Rien n’est gratuit, enfin presque...


IV. Esthétique : Cinq Villes et Cent Néons

Visuellement, c’est un poème urbain à la gloire du néon et du cuir synthétique. Le remaster fait le taf sans réinventer la poudre. Ça brille, ça claque, ça t’en met plein la gueule sans crier gare. La musique, quant à elle, oscille entre jazz, rock, J-pop et délire orchestral. Une bande-son qui pourrait accompagner aussi bien une scène de torture qu’un slow de fin de mariage. Shoji, tu nous fais bander.


V. Pourquoi C’est Grand ?

Parce que Yakuza 5, malgré ses digressions et ses longueurs, ose tout. Le grotesque et le sublime. Le tragique et le trivial. C’est un théâtre kabuki où l’on joue les douleurs d’hommes brisés à coups de poings dans les rotules. C’est Les Misérables qui rencontrent Step Up 3D. C’est la chronique d’un monde en ruines où l’honneur est un sabre rouillé qu’on aiguise avec de l’amour et du sang.

Alors oui, parfois, ça patine. Haruka t’endort. Shinada s’éternise. Mais Kiryu... Kiryu continue de porter le monde sur ses épaules comme Atlas sous stéroïdes. Et ça, c’est beau.


Verdict : 9/10 pour l’original comme pour le remaster. 

Une épopée baroque et testostéronée, ponctuée de sequins et de semelles dans la gueule.

"Your moves are cute, kid, but I’m about to drop a dance bomb that’ll blow your socks off !"

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