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Yakuza 4 – Quatre Hommes et un Kamurocho ; Opéra en Costards et Coup de Tatanes
"Yo, rich guy, you think you’re tough ? I’ve been livin’ the street life since before you were born !"
Prologue
Yakuza 4, c’est un peu comme si Les Liaisons dangereuses, Heat et Fast & Furious: Tokyo Drift avaient baisé dans une ruelle de Kamurocho pendant que Haruka regardait Love Hina en mangeant des takoyaki trop gras. Sega, en pleine crise existentielle après un Yakuza 3 où Kiryu jouait les nounous comme si Ken le Survivant s’était reconverti en assistante sociale, revient ici avec une ambition folle : QUATRE PROTAGONISTES JOUABLES. Une audace scénaristique à la Tarantino, une construction chorale à la Soderbergh, et toujours cette odeur de nouilles froides et de tabac à rouler qui colle à la série.
I. Le Retour du Fils Prodigue (et de Trois Tontons Armés jusqu’aux Dents)
Après un troisième opus aussi tiède qu’une soupe miso oubliée sur le rebord de la fenêtre, Yakuza 4 surgit comme un doigt d’honneur planté dans la face du doute. Le scénario, dense comme un roman de gare imprimé sur du wasabi, imbrique ses arcs narratifs dans un ballet tragique de coups de latte et de trahisons. Chaque protagoniste, tel un apôtre de la bagarre, avance sa vérité en fracassant des mâchoires et des complots.
Et que dire du remaster ? Il lisse l’ensemble comme un maquillage appliqué à la truelle, mais ça passe. Kamurocho y retrouve sa brillance, son charme louche de Tokyo miniature fantasmé. C’est du remaster qui n’en fait pas trop, comme un chirurgien esthétique sobre : il corrige les rides sans flinguer la gueule.
II. Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse Nippone
Kazuma Kiryu, le Christ en costard, l’homme qui refuse obstinément de mourir ou de sourire plus de 1,2 secondes. Moins central ici, mais quand il surgit, c’est pour frapper comme un prêtre défroqué dans une rave.
Taiga Saejima, montagne de testostérone et compagnon de cellule imaginaire de Majima. Sa force ? Pouvoir détruire un scooter par la simple action de l’ignorer. On dirait un ours polaire qui aurait lu Camus. Chaque coup de poing résonne comme un uppercut dans l’utérus de la morale.
Shun Akiyama, banquier itinérant et philosophe de trottoir, capable de prêter dix millions de yens à une strip-teaseuse sans lever un sourcil. Il virevolte dans les bastons avec la grâce d’un lapin halluciné et te sort des réflexions de mec qui a vu tous les films de Wong Kar-wai en buvant du saké frelaté.
Masayoshi Tanimura, flic mi-justicier, mi-voleur de ramen. Le seul à pouvoir gagner un combat en parlant très fort et en utilisant des clés de bras dignes de la WWE. Il est cool, mais son remaster lui a changé la gueule comme si on avait remplacé Takeshi Kitano par un figurant de Plus Belle la Vie.
Haruka est toujours là, rayonnante, adolescente sans crise – un miracle à étudier par la science. Majima, quant à lui, surgit comme un anus dans un film de Miyazaki : rare, perturbant, et inoubliable.
III. Baston, Pétage de Crânes et Bureau de Recrutement pour Dépressifs
Le gameplay ? Un banquet de violence chorégraphiée. Chacun de
nos quatre larrons possède son style :
– Kiryu,
l’équilibriste.
– Saejima, le rouleau compresseur.
–
Akiyama, le breakdancer sociopathe.
– Tanimura, le ninja
comptable.
Les Heat Actions sont toujours là, plus absurdes que jamais : Saejima balance un mec contre une benne à ordures, Akiyama te fait un high-kick en mocassins vernis, Kiryu assomme des yakuzas avec des distributeurs de boissons. On se croirait dans un épisode de Fort Boyard version ultraviolente, avec Kamurocho en décor vivant.
Et les quêtes annexes ? De la pure poésie absurde : aider un salaryman à vaincre sa phobie du karaoké, retrouver un chat qui se prend pour un gourou, ou convaincre une hôtesse de devenir actrice de théâtre Nô. Le Japon, ce pays où même le crime organisé se laisse attendrir par les petits tracas de la vie.
IV. Kamurocho, Ville-Monde, Bordel de Lumière
Graphiquement, Yakuza 4 sent encore un peu la PS3, mais le remaster arrange la mise : textures plus nettes, visages plus expressifs, et néons à en faire pleurer un réalisateur de Blade Runner. Kamurocho n’a jamais été aussi beau, ni aussi sale. C’est un Disneyland pour adultes nostalgiques, avec des bars à hôtesses au lieu de princesses, et des toilettes publiques pleines de révélations.
La bande-son ? Toujours magistrale. Hidenori Shoji t’envoie du jazz urbain, du rock théâtral, et des hymnes de combat de boss à te faire dresser les tétons. Mention spéciale au karaoké, où chaque chanson devient une tragédie grecque chantée avec des trémolos de yakuza bourré.
V. L’Évangile Selon Saejima
Yakuza 4, c’est le Pulp Fiction de la baston japonaise. Un entrelacs de récits, de coups de boule, et de drames familiaux, porté par quatre figures aussi iconiques qu’un générique de JoJo’s Bizarre Adventure. Kiryu reste le pilier, mais c’est Saejima qui emporte tout : sa présence, son histoire, son style de combat – on dirait un poème en vers libres récité avec des gants de boxe.
Le jeu n’est pas sans failles (Tanimura nouveau visage, quelques murs invisibles de la PS3), mais qu’importe. C’est un opus incontournable. Un bras d’honneur à la routine vidéoludique. Un baiser sur la bouche des fans.
Verdict : 9/10 pour l’original. 9/10 pour le remaster.
Kamurocho t’attend, mon frère. Mets ton costard, empoigne ta dignité, et fais pleurer la ville.
"Why’d the yakuza cross the road ? To beat up the road for lookin’ at him funny !"
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