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Afrika — Dieu / Belle Afrika / Où vont les eaux bleues / Du Tanganyika ?
« Base camp is all set up, so let’s start exploring right away. »
I. La savane, ce n’est pas que des lions qui niquent des zèbres
Un matin, tu te lèves, tu regardes ton étagère PS3, et tu te
dis : « Tiens, j’ai envie de shooter des antilopes. »
Mais
pas au M16. À l’objectif 300 mm stabilisé f/2.8, comme un
photographe de guerre végétarien dans Géo Ado.
Et ça
tombe bien : Afrika est là, oublié dans les
broussailles de l’Histoire comme un éléphant albinos dans une
parade militaire.
Jamais sorti en Europe — honte à toi, Sony
— mais disponible en import US, comme un trésor dissimulé dans
une boîte plastique moche.
Pas de Kratos.
Pas de braquage.
Pas de fusillade dans un
aéroport.
Juste toi, la lumière, un zèbre qui pète,
un lion qui baille et une tortue philosophe.
Une
invitation à explorer sans nuire, à contempler
sans consommer.
II. Le photographe masqué dans l’œil du cyclone animalier
Tu choisis ton genre.
Garçon ou fille ?
Peu importe.
Pas de romance à la Mass Effect, pas de jupette à la Tomb
Raider.
Un corps neutre pour incarner ton Leica.
Ta mission ?
Photographier les créatures du Masaï Mara à
la demande d’un rédacteur en chef invisible mais sans pitié.
Photo
de profil. Photo de cul. Photo de festin, de baston, d’accouplement
si affinités.
Chaque cliché est une offrande à Dame Science.
Plus tu progresses, plus tu gagnes du matos :
appareils
photo toujours plus gros, jeep, vision nocturne, montgolfière de
hippie entomologiste.
Un inventaire de photographe
premium, sponsorisé par le WWF et ton compte PayPal.
Et les bestioles ?
Des troupeaux de gnous crédibles comme
des danseuses de Béjart.
Des lions animés comme dans Planet
Earth.
Des vautours, des coccinelles, des impalas, des
oiseaux migrateurs qui te snobent de leur altitude.
Un
bestiaire d’une richesse biblique, enrobé d’un moteur
graphique qui fait pleurer la PS3 par tous ses ports HDMI.
III. Shadow of the Colossus chez les oryx : le grand rien magique
Afrika est lent.
Délibérément.
C’est
un jeu pour ceux qui aiment écouter le silence d’un buffle qui
pisse.
Un jeu pour ceux qui zooment sur un crotale, puis
s’endorment la bouche ouverte.
Un jeu pour les moines
laïques.
Ici, pas de mort.
Tu t’approches d’un guépard ?
Fondu
au noir, recadrage discret, et te voilà téléporté trois mètres
plus loin, la queue entre les jambes.
Pas de morsure. Pas de
trauma. Juste un peu de honte, et beaucoup de respect.
Afrika n'est pas là pour t'exciter.
Il est là pour
t’éduquer au ralenti.
IV. Le cours de SVT qu’on aurait voulu avoir
Chaque animal photographié débloque un document, une vidéo, une
fiche encyclopédique, un extrait de National Geographic ou
de la pensée de Jane Goodall sous LSD.
Tu apprends en jouant.
Tu joues en apprenant.
Tu ressens.
La savane n’est pas un décor :
c’est une
symphonie en terre battue.
Chaque brin d’herbe semble
avoir été peint à la main par un stagiaire japonais
astigmate.
Même les nuages ont du charisme.
Et la lumière…
Cette lumière qui transforme un troupeau
de buffles en chorégraphie céleste.
Le soleil rasant sur les
babouins. Le crépuscule sur les vautours.
La poésie du
bestial.
V. Tristes Tropiques : je hais les voyages et les explorateurs
Pas de filtres TikTok.
Pas de photos de tes pieds dans le
sable avec une légende pseudo-philosophique.
Pas de selfies
devant un éléphant pour impressionner Mamie Claudine.
Juste
toi, ton zoom et une gazelle qui t’ignore royalement.
Pas besoin de visa.
Pas besoin de moustiquaire.
Pas de
tourista ni de piqûre antipaludéenne dans le gras du cul.
Juste
ta PS3, ton canapé, ton whisky sans glaçon, et l’Afrique à
portée de stick analogique.
Afrika ne cherche pas à plaire.
Il ne hurle pas. Il
chuchote.
Et dans ce chuchotement, il dit plus
sur la vie sauvage que cent jeux de chasse sponsorisés par Chasse
et Pêche Magazine.
Verdict : 8/10
Afrika, c’est l’antithèse du jeu
moderne.
Pas de scoring. Pas de loot. Pas de bêtise
déguisée en explosion.
C’est une ode à la lenteur, à
l’observation, à la beauté du vivant.
Un jeu que personne n’attendait.
Un jeu que presque
personne n’a eu.
Mais un jeu dont tu pourrais tomber
amoureux, si tu as encore un peu de patience dans tes
pouces.
Beau. Profond. Apaisant.
Un voyage
immobile, une parenthèse poétique, un rêve de photographe
introverti et légèrement autiste.
Un jeu sans violence, sans prétention, sans snobisme.
Juste
toi, ton zoom, et l’horizon.
« All this effort and no sign of the Nunda… Perhaps it is only mythology after all. »
Non, Afrika n’est pas une légende. C’est un mirage jouable. Et il t’attend.
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