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Test A New Beginning

A New Beginning — Algue, Apocalypse et Activistes Amers Anesthésiés par des Allemands

"Bent Svensson is dead and the algae is history."


I. Le futur est moisi, mais coloré : bienvenue dans l’écolo-fiction désabusée

Le monde est foutu.
Les océans montent, les tempêtes dansent, San Francisco brûle comme une merguez oubliée sur un barbecue à vent.
Dans ce joyeux désastre, une bande d’activistes du futur décide de faire un petit retour dans le passé. Pas pour éliminer Hitler ni pour acheter du Bitcoin à l’avance, non… pour convaincre un vieux moustachu de ressortir ses éprouvettes et de sauver le monde grâce à une algue.

Une algue.
Oui. Un truc gluant, vert, potentiellement comestible avec des pâtes.

Bienvenue dans A New Beginning, Point & Click germano-apocalyptique où l’on explore deux époques, deux destins, et une infinité de bulles de dialogue dites avec l’enthousiasme d’un conseiller funéraire en fin de service.


II. Bent Svensson : biochimiste, barbu, blasé

Bent, c’est notre vieux héros.
Genre Doc Brown en burn-out, ex-génie de l’énergie verte planqué dans sa maison de campagne norvégienne avec vue sur fjord et abandon parental.

Il a découvert une algue magique, la solution ultime à la crise énergétique mondiale, et comme tout bon personnage de jeu vidéo, il a décidé de tout arrêter pile au moment où ça devenait utile.
Résultat : c’est son fils qui reprend les recherches, sauf que celui-ci a autant de charisme qu’un gobelet en carton.

Entre alors en scène Fay, envoyée du futur, look d’hôtesse de l’air de chez Greenpeace et conviction d’un Témoin de Jéhovah motorisé. Elle veut convaincre Bent de sauver le monde. Il ne veut pas.
Ils vont parler. Longtemps.
Très longtemps.


III. Dialogue, écologie et retournements de veste

Sur le papier, c’est écolo.
Dans les faits, ça flingue dans tous les sens :
– Les activistes du futur manipulent, mentent, sacrifient.
– Les industriels du présent sabotent, achètent, menacent.
– Les scientifiques font la gueule et boivent du thé.

Tout le monde est corrompu, idéaliste ou dangereux.
Un portrait assez fidèle de notre époque, si on enlève TikTok et les influenceurs fitness.

L’histoire serpente donc entre trahisons, manipulations, discours soporifiques sur le climat, et tentatives d’évasion narrative via des cinématiques en style BD qui viennent heureusement dynamiter un peu la torpeur ambiante.


IV. Des lieux et des bulles : la planète en cel-shading

Graphiquement, le jeu est superbe.
Les décors peints à la main, en style dessin animé, dégagent un charme désuet, un souffle presque poétique, malgré les personnages un peu flottants comme s’ils n’avaient jamais appris à marcher sur le même sol que leurs décors.
Un classique du Point & Click moderne : le "syndrome du calque détaché".

On voyage beaucoup :
– Une Norvège calme et humide.
– Un Brésil nucléaire et moite.
– Un congrès à Oslo perturbé par des militants hystériques en leggings bio.
– Et bien sûr, un futur en ruine qui sent la suie et l’échec collectif.

Chaque décor est soigné, crédible, joliment animé.
Et les cinématiques BD avec bulles viennent rappeler que ce jeu a été fait par des gens qui aiment vraiment le médium, même s’ils écrivent comme des stagiaires chez Netflix Allemagne.

Capture d'écran a new beginning décor Norvège avec Bent Svensson



V. Gameplay : simple, logique, parfois un peu trop

Le Point & Click ici est classique.
Énigmes cohérentes, objets logiques, pas de devinette à base de poulet en plastique ou de hamster congelé.
On réfléchit, on clique, on avance.
C’est fluide, agréable, jamais frustrant.

Le vrai obstacle, c’est le rythme.
Et ce rythme, il est haché menu par un doublage anglais digne d’un atelier théâtre dans une maison de retraite.
Personne ne semble croire à ce qu’il dit.
Pire : personne ne semble comprendre ce qu’il dit.
Mention spéciale à la VF, qu’il faut fuir comme un barbecue Greenpeace sponsorisé par EDF.

Ce manque d’émotion sonore flingue une partie de l’attachement aux personnages.
Et c’est dommage, car ils ont un vrai design, une identité.
Mais mal animés, mal doublés, et mal dialogués, ils finissent par ressembler à des pantins articulés dans un spectacle de marionnettes post-apocalyptique.


VI. L’Homme, ce jeune con — fin du monde et fin du jeu

La fin ?
Pas idiote.
Un peu molle.
Mais réaliste.
Pas de grand miracle, pas de Bisounours écolo, pas de happy-end à la Spielberg.

On referme le jeu comme on ferme un journal : avec un soupir, et la sensation que tout est déjà foutu mais que, bon, on va quand même aller trier ses déchets.


Verdict : 7/10

A New Beginning est un jeu honnête.
Beau, parfois touchant, souvent maladroit, jamais révolutionnaire.
Un Point & Click à l’ancienne, écolo mais pas militant, avec une histoire de manipulation humaine plus que de sauvetage planétaire.

Un bon moment, entaché par un doublage fadasse et une écriture qui manque de mordant.
Mais une œuvre qui mérite d’exister, rien que pour rappeler que l’apocalypse n’est jamais très loin, et que les algues, parfois, valent mieux que les hommes.

Et puis, bon, au moins on n’y meurt pas écrasé par un puzzle incompréhensible.
C’est déjà ça.

"The climate change didn't happen from one day to the next. It took several centuries."

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