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Metal Gear Solid : Peace Walker – Quand Kojima chie un chef-d'œuvre sur une nappe de Flunch
“Vic Boss !”
Prologue
Il fallait oser. Hideo Kojima, prophète lunatique du jeu vidéo, annonce un Metal Gear Solid sur PSP. La PlayStation Portable. Cette machine que même Satan utilise pour caler sa table de nuit. Une console conçue pour les collégiens en fugue, les fans de Bleach et les gens qui pensent encore que l’U.M.D. est un format d’avenir. Un MGS ici, c’est comme mettre une pièce de Shakespeare sur une nappe en papier dans un Flunch de province.
Mais Kojima n’est pas homme à reculer devant l’improbable. Il nous pond Peace Walker, un spin-off devenu pilier, parce que son rejeton trouvait les autres MGS “trop bavards”. Un fils qui mériterait un Fulton vers un pensionnat militaire sibérien. Résultat ? Un jeu en missions courtes, avec des cinématiques en BD animées et des tanks qui chantent des berceuses numériques. Bref : un MGS fait par un père pour son môme... donc évidemment, c’est du pur Kojima.
I. Kojima, Fils d’Évangile et Pape du WTF
Dès l’intro, Hideo dégaine son sabre d’ironie : “Portable Ops ? Jamais entendu parler.” Et vlan. Le jeu précédent, relégué au rang de fan fiction sous coke. Peace Walker assume le côté “kit de survie narratif” : missions de dix minutes, cinématiques en planches mouvantes signées Shinkawa (mi-encre, mi-érection artistique), gameplay pensé pour une coopération que personne n’a demandé (jouer avec autrui, sérieusement ?). C’est du Kojima dans ce qu’il a de plus punk : un jeu de guerre fait pour être joué aux chiottes.
II. Big Boss, Gueule Cassée et Cigare Humide
Big Boss revient, toujours plus charismatique que le Christ dans une pub pour cuir gras. Il traîne son regard de vétéran, son béret de para socialiste, et son cigare qui sent le pétrole afghan. Les guérilleros du Costa Rica voient en lui une réincarnation de Che Guevara : il accepte, non sans humilité, d’incarner cette version musclée de Manuel Valls meets Rambo III.
Autour de lui, une galerie qui ferait frémir Freud : Miller, coach de vie pour dictateurs débutants ; Paz, la lycéenne qui cache un twist bien crasse (attendez Ground Zeroes, vous allez hurler) ; Strangelove, mix lesbien d’Otacon et de Docteur Folamour, qui veut ressusciter The Boss par la magie de l’intelligence artificielle. Tout ce petit monde se retrouve au Costa Rica, pays sans armée mais riche en bananes et en idéal pacifiste. Kojima en profite pour te faire un cours de géopolitique tropicale entre deux tirs de roquette.
III. Infiltration de Poche et Mechas qui Beuglent
Le gameplay est une boîte de chocolats soviétiques : tu sais jamais si tu vas avoir du nougat ou un boulon. C’est fun, rapide, addictif, mais pensé pour des mains d’enfant. L’infiltration est simplifiée : les gardes ont l’intelligence d’un pigeon lunatique, et Snake peut les recruter avec un ballon magique. Oui, le Fulton Recovery System, cette merveille de physique newtonienne qui transforme des soldats ennemis en montgolfières hurlantes. Elon Musk en a fait des cauchemars.
Et puis viennent les boss. Des tanks chantants. Des walkers bipèdes qui émettent de la J-pop pendant qu’ils te bombardent. Peace Walker, c’est un peu Evangelion, avec un soupçon de Singin’ in the Rain version cyberpunk. L’apothéose : construire ton propre Metal Gear, le ZEKE, comme un gosse qui assemble son Gundam en rêvant de Hiroshima.
IV. Costa Rica mon Amour, Comics mon Ennemie
Graphiquement, sur PSP, c’était de la sorcellerie. Sur console HD, c’est presque beau. Les décors sont exotiques, les persos charismatiques, et les planches de Shinkawa ont ce charme désuet des fanzines de lycéens gothiques. Mais les cinématiques, façon BD interactive, manquent cruellement de chair. Pas de codec, pas de codec sexy. Juste des briefings radio qui sonnent comme des conversations Tinder entre agents secrets blasés.
L’ambiance, elle, oscille entre le cool tropical et le soap opéra militariste. Kojima brise encore le quatrième mur, tape dans le méta, et se permet même de faire des blagues à base de fessiers de soldats. Du génie pur, à condition d’avoir 14 ans, ou 40 et aucun amour-propre.
V. Trame de l’Horreur (et du Lien Narratif)
Le scénario de Peace Walker n’est ni du Racine, ni du Tom Clancy. C’est un squelette narratif sur lequel Kojima colle ses marottes : la paix, l’arme nucléaire, la mère absente, le père autoritaire, le robot qui veut aimer. Le jeu sert surtout à poser les rails de Ground Zeroes et Phantom Pain. Sans Peace Walker, le joueur arrive dans MGSV comme un touriste néerlandais à Kaboul.
Les twists sont efficaces, même si on les voit venir avec un monocle cassé. Et quand The Boss ressurgit à travers une IA démente, tu te demandes si Kojima n’a pas cloné sa mère pour écrire le script. C’est maladroit, grandiloquent, et étrangement touchant.
VI. Défauts, Délices et Douleurs Anales
Mais tout n’est pas rose dans la jungle costa-ricaine. Le jeu est pensé pour la coopération, et en solo, c’est une punition divine. Les boss ont des barres de vie dignes d’un MMO coréen, et les missions annexes se répètent plus qu’un fan de Naruto en dépression. En HD, c’est jouable, mais la structure PSP – missions courtes, menus à la chaîne, micro-chapitres – casse tout élan dramatique. Et ces chansons... ces P***** de chansons de robots... Entre ça et Hatsune Miku, mon âme hésite.
VII. La Révolution au creux de la main
Metal Gear Solid: Peace Walker est un ovni vidéoludique, une anomalie joyeuse dans la saga. C’est du petit Kojima fait maison, avec ses lubies, ses obsessions, et ses tanks mélomanes. Un jeu fait pour les toilettes, mais indispensable pour l’architecture du mythe. Si MGS3 est l’Évangile selon Snake, Peace Walker, c’est l’Épître aux Costaricains : un texte secondaire, mais fondamental.
Big Boss y devient légende, bâtisseur, mythe fondateur. Un Marxiste en slip tactique, un Guevara du pixel, un Christ post-nucléaire qui recrute ses apôtres par ballon-sonde. Le jeu est frustrant, fascinant, foireux parfois, mais unique.
Verdict : 8/10
Un MGS de poche, mais une baffe de géopolitique tropicale. Recrute, construis ton ZEKE, et fous des fessées à la guerre froide.
“Peace !”
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