Test Metal Gear Rising Revengeance

Test Metal Gear Solid 3 Snake Eater

Metal Gear Solid 3 : Snake Eater – L’Art Sublime de Ramper en Pleurant dans la Vessie d’un Alligator

“ I’m still in a dream, Snake Eater !”

Prologue

On ne sort jamais tout à fait indemne de cette chanson. Elle rôde dans ton crâne comme une ex envahissante, elle suinte des murs de ta salle de bain pendant que tu te savonnes l’entre-jambe en pensant au communisme et aux serpents. Snake Eater, c’est l’opéra-bouffe de Kojima, sa jungle d’Eden où le péché originel est remplacé par une morsure de vipère et un monologue existentiel.

Loin des couloirs stériles de Shadow Moses ou des chiottes radioactives de la Big Shell, ici c’est la nature qui règne — verte, mouillée, hostile comme une levrette dans les orties. Et au milieu ? Naked Snake, héros rugueux, soldat-poète, homme-animal, futur tyran au regard mouillé d’honneur.


I. Naked Snake : L’Origine du Mâle Alpha Qui Pleurait en Mangeant une Chauve-souris

Solid Snake, c’était déjà un fantasme militaro-cybernétique. Naked Snake, lui, c’est l’homme à nu, l’ancêtre fondateur, le prophète barbu de la sueur patriote. Il entre dans l’histoire comme Jésus en treillis : les bras nus, l’œil inquiet, la mâchoire sculptée par les regrets de guerres qu’il n’a pas encore perdues.

Shinkawa, démiurge du crayon sexuel, le dessine comme un survivant de Mad Max et Apocalypse Now à la fois. Il fume des cigares, parle peu, dévore les serpents crus et les traumas paternels en sauce froide. Le jeu le mutile avec amour : os fracturés, balles logées dans les tripes, saignements par les narines et l’âme. Tu le soignes manuellement, dans le menu, en te sentant presque coupable. C’est l’interface la plus médicale depuis Docteur Maboul, mais avec plus de boue.


II. La Cobra Unit : Le Théâtre des Ombres Grotesques

Oubliez les boss pleurnichards des opus précédents, ici c’est le Théâtre du Grand Guignol. La Cobra Unit débarque comme une escouade de métaphores freudiennes envoyées par Freud lui-même.

  • The Pain, recouvert d’abeilles vrombissantes, est une parabole sexuelle sur les MST soviétiques.

  • The Fear, contorsionniste arthritique, évoque ce que Lovecraft aurait imaginé en découvrant la gymnastique rythmique.

  • The Fury, cosmonaute calciné, est la représentation littérale du burn-out professionnel.

  • The End, enfin, patriarche chlorophyllien, te traque dans une jungle immense avec la patience d’un moine zen et la mauvaise foi d’un grand-père raciste. Tu peux l’abattre, le piéger, ou attendre qu’il claque de vieillesse. Kojima te laisse assassiner le temps lui-même. C’est littéralement sublime.

Chaque boss est une fable surréaliste, une mise en scène de la guerre comme théâtre de l’absurde. Et dans leurs cris, c’est la voix de Kojima qui ricane.


III. The Boss : Sainte Mère des Soldats Perdus

Elle est l’alpha et l’oméga. Le mythe en combinaison blanche. The Boss, mentor de Snake et prêtresse du sacrifice géopolitique, incarne une ambiguïté tragique rarement égalée dans le jeu vidéo. Elle ne pleure pas. Elle saigne de l’intérieur, lentement, dignement. Elle te parle comme un oracle et te frappe comme une déesse grecque.

Son dernier duel dans le champ de fleurs blanches ? Un poème interactif. Une mise à mort élégiaque. Une danse rituelle entre la vie, la loyauté, et l’hécatombe diplomatique. On ne tue pas The Boss. On l’absout.


IV. Gameplay : La Jungle comme Antagoniste Sexuelle

Le camouflage est ton dieu. Le CQC (Close Quarters Carnage, dans le langage des poètes) ton langage. Chaque brindille craquée, chaque insecte mangé, chaque garde assommé avec une volaille congelée est un acte de foi envers l’infiltration divine.

Mais attention : le menu pause devient ton confessionnal. Tu t’y réfugies sans cesse pour soigner une plaie, changer de slip, ou mettre un bandeau fluo pour augmenter ton pourcentage de camouflage à 85%. C’est chiant. C’est sublime. C’est Kojima.

Le level design est organique : marécages, grottes humides comme une métaphore foirée, bases soviétiques qui suintent le Goulag. On respire la nature, on l’ingère, on la dégueule. C’est la Selva Oscura de Dante, avec des grenades flash et des serpents frits.


V. Ambiance & Scénario : James Bond en Trip de LSD Anticapitaliste

1964 : Guerre Froide. Espions, revolvers qui tournent, trahisons familiales, duel idéologique. Kojima refait From Russia With Love, mais y injecte des embryons de 2001: L’Odyssée de l’Espace et des œufs de serpents.

Ocelot, jeune et acrobatique, bande dès qu’on lui parle d’arme à feu. Il miaule, il roule, il ricane. On l’aime. Major Zero, gentleman so British qu’on soupçonne qu’il mange du pudding à l’uranium. Para-Medic, obsédée par le cinéma et les intestins des grenouilles. Et Eva, le sexe sur deux roues, double agent et fantasme freudien.

L’histoire se déploie comme un origami trempé dans la sueur. Et la fin ? Une catharsis en slow-motion. Kojima t’arrache les yeux avec élégance.

Capture d'écran MGS3 Snake Eater Eva menu de soin



VI. Musique : Quand le Jeu Vidéo Avale Broadway

Snake Eater. Ce générique chanté comme un génie du mal en plein trip. James Bond réécrit par un travesti nostalgique de Sinatra. Cynthia Harrell t’envoie valser dans une jungle symphonique. La musique est grandiose, omniprésente, et te prend par les sentiments comme un massage prostatique bien senti.


VII. Cinématiques : Kojima, Ce Troll aux Mains d’Or

Le quatrième mur ? Éventré. Dynamité. Bouffé. Kojima te parle. Il t’exhorte à faire une pause. Il te fait sauvegarder pour te piéger. Il te manipule comme un pantin lubrifié à l’huile de serpent. Les cinématiques durent parfois plus longtemps que certains mariages, mais elles méritent chaque seconde de ton attention sacrée.


VIII. Seul Défaut : Le Menu Pause, Horreur Métaphysique

Ah, ce menu. Obligatoire, lent, omniprésent. Tu y entres pour changer de peinture faciale ou pour retirer une sangsue de ton scrotum. C’est lourd. Mais comme un orgasme à contretemps, on lui pardonne, parce qu’il est encadré de génie.


IX. Pourquoi c’est un Chef-d’Œuvre ?

Parce que tout y est. Le gameplay, la narration, les combats, l’émotion. Snake Eater transcende le jeu vidéo pour devenir un rituel païen. Une offrande faite aux anciens dieux du game design. Naked Snake devient Big Boss. Toi, joueur, tu deviens croyant. The Boss devient martyre. Et Kojima, ce petit bonhomme en lunettes, se hisse au rang de prophète.


Verdict : 10/10

Une jungle sacrée où chaque pixel chante la guerre, l’amour, et les serpents à la broche.

« Kuwabara, kuwabara »

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