Test Heavy Rain

Test Yakuza & Yakuza Kiwami

Yakuza Kiwami – Opéra en Costard Gris et Poings Dans la Gueule

« I’m gonna be the toughest guy in Kamurocho ! Step one: get a cool tattoo ! Step two... uh, maybe punch someone ? »

Prologue

À l’aube du XXIe siècle, alors que les consoles grognaient encore à l’effort et que les disques tournaient plus vite que les intrigues de “Plus Belle la Vie”, naquit un jeu étrange, drapé dans les néons et la testostérone : Yakuza. D'abord balbutiant sur PS2, puis réincarné sur PS4 sous le doux sobriquet Kiwami, ce bijou signé SEGA, c’est un peu Les Soprano qui auraient couché avec Sailor Moon dans une ruelle de Kabukicho, sous l’œil torve d’un distributeur de culottes usagées.

C’est un GTA ? Non.
Un Shenmue ? Encore moins.
Un opéra viriliste où chaque uppercut est une déclaration d’amour avortée ? Exactement.

I. Les Poings du Destin et le Trône de Kamurocho

À première vue, Yakuza se laisse vendre comme un GTA nippon, mais c’est là une erreur fatale, digne de confondre un godemichet et un micro. Kamurocho, son théâtre urbain, n’est pas un bac à sable mais une scène de kabuki interactive, où chaque pavé respire la sueur, la bière tiède, et le regret d’un mauvais tatouage.

Le joueur incarne Kazuma Kiryu, parangon de virilité stoïque, qui sort de taule avec la grâce d’un cerisier qui perd ses feuilles… mais avec des poings. Sa quête ? Retrouver la petite Haruka, protéger son honneur, et briser des nez comme d’autres brisent des baguettes. Il est flanqué d’un casting d’âmes damnées, de figures tragiques, de mafieux à la gueule cassée et au cœur tendre, de serveuses alcooliques et d’un clown psychotique armé d’une batte cloutée : Goro Majima, sublime incarnation du chaos capillaire et du BDSM mental.

Kiwami, en version dopée, ajoute un système de styles de combat (Brawler, Rush, Beast, Dragon), une avalanche de cutscenes, et surtout, Majima qui te saute dessus depuis des poubelles, des cabines téléphoniques, ou déguisé en hôtesse de bar.


II. Kiryu Kazuma : L’Homme, le Mythe, le Colosse Muet

Il est l’idéal platonique de tout ce qu’un homme ne pourra jamais être : fidèle, musclé, pudique, et capable de briser un pare-chocs avec ses fesses. Il parle peu, agit beaucoup, et gagne la garde d’un enfant sans jamais signer un papier. Son amour pour Haruka frôle le pathologique, son honneur ferait pleurer un samouraï, et son addiction au karaoké est aussi ridicule que touchante.

Quant à Majima…
Ah, Majima, ce fou furieux, ce cousin illégitime de Joker et de Gene Kelly. On le craint, on le hait, on l’aime. Il apparaît partout, sans prévenir, comme un herpès, et chaque rencontre avec lui est un moment d’anthologie. Majima est le cœur grotesque et flamboyant du jeu, la strie rose fluo dans l’étoffe grise de Kamurocho.

Capture d'écran de Yakuza Kiwami avec Kiryu et Haruka



III. Les Sous-Quêtes : Où le Tragique Épouse le Dérisoire

Les missions secondaires ? Un cirque.
Vous sauvez un adulte déguisé en bébé. Vous apprenez à un jeune puceau à draguer dans un fast-food. Vous affrontez une dominatrice déprimée. Ce n’est pas un jeu, c’est Foucault rencontre “Les Feux de l’Amour” dans une ruelle humide. Et pourtant, jamais ça ne sonne faux. Tout est démesuré, absurde, sincère. C’est là la magie noire de Yakuza : mêler un drame shakespearien à des mini-jeux de gestion de cabaret.


IV. Techniquement vôtre, avec amour

Kiwami polit le diamant brut de 2005.
Kamurocho luit comme un sushi trop gras sous des néons lubriques. Les personnages ont gagné en textures, les bastons en fluidité, et les coups de pied en testostérone. La VO japonaise, sublime, enterre la version anglaise de l’original où Mark Hamill doublait Majima comme un Joker bourré au saké tiède.

Seul regret : la disparition des sous-titres français dans le remaster. Oui, Kiryu mérite d’être compris dans toutes les langues, même le latin liturgique.


V. Le Sens du Coup de Poing et du Pardon

L’histoire, tragique et mélodramatique, te fait passer du rire gras au sanglot silencieux. Nishiki, frère d’armes devenu Judas en costard, n’est pas qu’un antagoniste : c’est une tragédie grecque en costard Versace. Les trahisons s’enchaînent comme des coups dans une ruelle, et chaque personnage a la densité émotionnelle d’un roman russe… sauf qu’ici, ça se règle à coups de genoux dans les dents.


VI. Pourquoi c’est une pépite qui sent la sueur et le saké

Parce que Yakuza Kiwami, c’est l’anti-GTA, l’anti-réalisme, l’anti-ennui.
C’est un poème musclé, une déclaration d’amour à la virilité japonaise old-school, un polar chamarré où la baston et la tendresse se draguent dans les ruelles.
Parce qu’aucun autre jeu ne te fait pleurer devant une chanson de karaoké, ou te sentir puissant après avoir aidé un mime à retrouver sa voix intérieure.
Parce que dans un monde cynique, Kiryu est un roc de droiture, un rocher tatoué au cœur tendre.


Verdict :
Yakuza (PS2) : 8.5/10 – un brouillon passionné.
Yakuza Kiwami : 9/10 – la version deluxe de ton fantasme yakuza.

Porte ton costard, chante un duo avec Majima, achète des glaces à Haruka, et tabasse trois mafieux avec une bicyclette.
Tu n’as pas vécu tant que tu n’as pas brisé des côtes au nom de l’amour filial.

"I need you to pretend to be my boyfriend... but don’t get any weird ideas, okay ? I’m not THAT desperate !"

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