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Phoenix Wright : Ace Attorney – Objection ! Cette critique est un délit de faciès intellectuel
"Objection !"
I. Théâtre judiciaire et cirque textuel : quand Kafka épouse Tex Avery sous le regard d'un juge gâteux
Phoenix Wright: Ace Attorney, c’est avant tout une fresque. Une tragédie comique aux arômes de wasabi frelaté et de gin freudien. Le joueur y incarne un jeune avocat qui plaide comme on jongle avec des tronçonneuses en feu : maladroitement, mais avec panache. Le procès devient ici une scène d’opéra-bouffe où chaque témoin dissimule plus de traumatismes qu’un tiroir de sex-toys oubliés chez les Fey.
Né sur Game Boy Advance dans l’Archipel aux mille tentacules, le jeu débarque enfin en français, avec une traduction pleine de jeux de mots aussi subtils qu’un doigt dans l’œil. C’est donc ici que l’on fait la rencontre de Paul Defès, Dick Tektiv et Me Rosenberg — des noms si idiots qu’on pourrait croire à un sketch de Jean-Marie Bigard version talmudique.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : sous ses dehors de sitcom japonaise passée au mixeur des Monty Python, Phoenix Wright interroge notre rapport à la vérité, à l’erreur judiciaire, et à la taille des bonnets féminins dans les shônen pour juristes frustrés.
II. Les figures du droit : freak show et fantasmes légaux
Phoenix Wright n’est pas seul. Il est entouré d’un cirque humanoïde plus extravagant qu’une réunion de cosplayeurs en période de rut.
Phoenix, d’abord : jeune avocat rookie, cheveux façon hérisson cocaïné, moralité d’aspirateur à vertu. Il croit en la justice, aux clients innocents, et en la puissance vocale du mot OBJECTION, qu’il hurle comme on exorcise une gastro.
Paul Defès : ami d’enfance, boulet professionnel, suspect dès la première affaire. Il est au droit ce que l’hémorroïde est à la chaise en bois : une fatalité.
Dick Tektiv : inspecteur à l’imper froissé, cerveau embué, et flair de taupe. Il résout les enquêtes avec l’efficacité d’un vibromasseur dans un procès pour meurtre.
Mia Fey : mentor sculptée dans la silicone morale. Ses seins entrent dans la pièce avant elle. Une poitrine qui abrite la sagesse… jusqu’à ce qu’un poignard narratif l’envoie nourrir les méduses.
Maya Fey, sa sœur, gamine médium, adepte des ramens et de l’enthousiasme hystérique. C’est une planche à pain qui rit fort, parle vite et pense lentement, mais qui a le cœur pur et les baskets qui puent la joie.
Benjamin Hunter : rival glacial, procureur sexy comme une tumeur en costume Hugo Boss. Il a l’élégance du silence et le regard de celui qui juge votre playlist Spotify sans jamais dire un mot.
Me Rosenberg : caricature ambulante d’un avocat riche, juif, bedonnant, ruisselant de clichés et de magouilles. Il sent la synagogue au caviar, le procès plié d’avance et l’oseille cash. À son contact, même l’éthique prend un RTT.
III. Une Amérique en kimono : décors schizophrènes et clins d’œil absurdes
L’univers du jeu est un Japon grimé en Amérique, comme un sushi qui mettrait un sombrero et dirait "Howdy" en faisant un salut nazi. Les lieux visités sont aussi divers que dérangés :
Le tribunal, théâtre principal, où la justice se rend en trois jours chrono et où le juge confond sa perruque avec son hamster.
Les bureaux de Phoenix, avec leur déco post-nucléaire et leurs fiches clients rédigées à la main sur du papier toilette.
Les scènes de crime, toujours absurdes : studios TV hantés par des mascottes, parcs d’attraction désaffectés, cabanes de médiums au fond des bois — comme si Twin Peaks avait été racheté par Capcom.
Chaque lieu suinte le surréalisme, la comédie et l’angoisse post-légale. On s’attend à tout moment à croiser un témoin nu, couvert de ketchup, citant Nietzsche avant de s’évanouir.
IV. Fouiller, accuser, hurler : gameplay en trois actes et un fou rire
Phoenix Wright, c’est un gameplay binaire mais jouissif :
Phase d’enquête : on clique partout comme un pervers dans une chambre d’ado, on interroge les témoins, on récolte des objets qui semblent inutiles jusqu’au moment du procès où ils deviennent la clef du mystère. C’est du Point & Click en costard.
Phase de procès : le cœur du jeu. Chaque procès est un puzzle verbal, où il faut débusquer les contradictions, brandir les preuves comme des sextoys dans un débat sur la chasteté, et hurler « OBJECTION » avec toute la verve d’un politicien ivre au bordel municipal.
Les rebondissements sont fréquents, absurdes, hilarants. On passe d’un meurtre sanglant à un samouraï robotique, d’un procès pour empoisonnement à une médium possédée. C’est du soap judiciaire sous acide, et ça fonctionne.
V. Le trauma et la farce : justice au fond du slip
Derrière les rires se cache un drame. Les Fey sont une famille hantée par leur don, le passé de Phoenix et de Hunter cache des blessures suintantes, et chaque affaire révèle des cicatrices sociales : trahisons, violences conjugales, traumatismes infantiles, adultères latents. Tout cela est empaqueté dans une farce digne d’un guignol sous kétamine.
Hunter et Phoenix s’aiment, se haïssent, s’admirent, se poursuivent comme deux ex trop bien habillés pour admettre qu’ils veulent juste s’enlacer dans la salle des preuves.
VI. Bonus DS et compilation fatale : remaster ou imposture ?
La cinquième affaire, ajoutée pour la version DS, est une greffe mal cicatrisée. Elle introduit des mécaniques tactiles (poussière, empreintes, objets 3D) dignes d’un tutoriel de Professeur Layton alcoolisé. Mais le scénario tient la route, et c’est inclus dans le jeu, donc on ferme notre gueule et on applaudit du gland.
Depuis, la saga a proliféré comme une MST en Erasmus : compilations sur Switch, Steam, PS4, frigos connectés. Elle s’est imposée comme le mètre-étalon des jeux à texte verbeux, absurdes, mais brillamment écrits.
Verdict : 8.5/10
Un procès hilarant, un opéra judiciaire, un Point & Click verbeux pour les amoureux de la logique et du délire. Phoenix Wright, c’est la version japonaise d’un débat entre Nietzsche, Columbo et une collégienne hystérique.
"Ces preuves vous suffisent-elles, M. Khavu ? Ou devrais-je dire plutôt M. Qu'a fait ?!"
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