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Ankh — Si tu avances quand je recule comment veux-tu que t’Ânkh...
« Au moins, on a un décapsuleur maintenant. »
I. Bringue pyramidale et divine gueule de bois
Dans les entrailles sablonneuses d’une pyramide sacrée, Assil, adolescent prolongé et fêtard invétéré, décide de fêter son samedi soir avec un zeste de transgression et une louche de houblon. Résultat ? Une malédiction dans la tronche, distribuée façon flyer par la momie acariâtre d’un roi insectophile. L’Ankh, laissé là comme un décapsuleur oublié sur la tombe de Toutânkhamon, devient dès lors sa seule chance de survie.
Mais que serait une aventure égyptienne sans le retour d’un dieu courroucé ? Osiris, ex-patron des morts, veut récupérer l’artefact pour se téléporter au royaume des vivants et, probablement, y imposer une dictature basée sur les bandelettes et la vengeance divine.
Pendant ce temps, le pharaon — au pouvoir aussi ferme qu’un couscous mouillé — joue à la politique comme un enfant bourré joue au Monopoly.
II. L’esthétique du moche éclairé
Ankh, comme les pyramides vues dans un mauvais diaporama PowerPoint, est lumineux, certes, mais désespérément laid. La 3D semble avoir été sculptée à la truelle dans un bloc de saindoux tiède. Les personnages ont la plastique de figurines Kinder passées au micro-ondes, et les animations évoquent une arthrose collective.
Heureusement, le casting vocal sauve les tympans du naufrage visuel. Emmanuel Curtil (George Stobbart), Benoît Allemane (Morgan Freeman), et d’autres grands noms viennent souffler un peu de vie dans ces polygones souffreteux. Ils hurlent, grommellent, enchaînent les vannes avec un enthousiasme suicidaire, et on les remercie. Même quand l’humour, lui, tire à blanc.
III. Quand chaque objet est une blague (parfois nulle)
Ankh, c’est l’Égypte revue par un collégien hyperactif. Chaque personnage est une caricature ambulante. Chaque élément de décor a un gag. Chaque interaction déclenche une punchline, souvent bancale, parfois inspirée. Et dans cette avalanche de tentatives comiques, le joueur sourit, puis grimace, puis soupire, puis rit, mais ne sait plus trop pourquoi.
Le jeu tente tout : absurde, anachronique, satirique. On y croise un chamomatic (lave-chameaux de compétition), des devins fatigués, des momies râleuses, et même une barre de vie RPG qui vient insulter notre héros en plein dialogue. Rien n’a de sens, tout est permis, et c’est précisément là que ça sature. Trop de sucre tue le loukoum.
IV. Du gameplay en slip de lin
Côté mécanique, c’est du Point & Click basique, dégraissé, occidentalisé, presque hygiénique. On clique, on ramasse, on associe, on soupire. Les objets sont visibles à cent mètres comme si Assil avait collé des néons dessus. Peu de frustration, donc. Sauf quand l’humour s’interpose entre toi et la logique, comme une grenouille dans une sandale.
Les énigmes, malgré leur excentricité, sont rarement injustes. Associe un poisson à un pot, un tapis à un chat, une chicha à un sultan, et tu auras une révélation. Ou un autre gag.
L’arrivée de Thara, princesse aussi jolie qu’inexistante, permet quelques séquences de collaboration : coopération timide, pseudo-romance, et blagues genrées. Mais elle est là, elle fait le job, elle occupe le vide scénaristique comme un vase moche dans un salon.
V. Une pyramide de bonnes intentions branlantes
Ankh veut être drôle, moderne, décalé, pop, barré, stylé, grand public et culte. Et il n’est rien de tout cela à la fois. Mais il essaie. Et parfois, c’est déjà ça. On sent derrière les textures grossières un vrai amour du genre. On perçoit, sous la 3D douteuse et les gags balourds, un hommage sincère aux aventures graphiques d’antan — Monkey Island en pagne, Discworld au bord du Nil.
Mais là où Runaway parvenait à tisser l’absurde et la narration dans un bel organdi de pixels 2D, Ankh se prend les pieds dans sa robe en plastoc et tombe dans la jarre du trop-plein.
Verdict : 7.5/10
Ni chef-d’œuvre, ni désastre, Ankh est un mirage drôle et atteint de dysmorphie, bourré de maladresses, d’idées brillantes avortées, mais aussi de charme, d’enthousiasme et d’un certain goût pour l’absurde biberonné à la mythologie.
C’est le genre de jeu qu’on voudrait aimer plus qu’on ne l’aime réellement. Un compagnon de soirée à l’haleine douteuse, mais au cœur sincère. Une momie moche, certes, mais rigolote.
« Osiris, je crois qu'entre nous, c'est le début d'une longue amitié. »
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